Jean VILLERI (1896-1982) - Lot 56

Lot 56
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Jean VILLERI (1896-1982) - Lot 56
Jean VILLERI (1896-1982) Le Repos sous les arbres. Aquarelle sur papier, signée en bas à droite. 26,7 x 34,7 cm. Jean Villeri voit le jour à Oneglia, sur la Riviera italienne, en 1896. Giovanni Domenico a dix ans lorsque son père décide de s’établir en France, à Cannes. Ce déplacement géographique fera de lui un « immigré » mais aura toutefois une douce compensation : il ne quittera plus jamais les rivages méditerranéens qu’il aime tant (Le Cannet, Cagnes-sur-Mer, Saint-Tropez, les terres varoises etc.). Et Giovanni sera à tout jamais Jean. En 1912, à seize ans, le tout jeune autodidacte fait un envoi timide au Salon des Artistes Français à Paris. C’est alors un peintre de plein air qui vend – et plutôt bien – aux étrangers qui résident sur la Côte d’Azur : des paysages, des marines, des scènes de marché… À l’époque, on remarque déjà la qualité de ses scènes de rue. En 1916, âgé de vingt ans, il « monte » à Paris et s’initie à l’histoire de l’art en fréquentant les musées. Mais c’est sur la Côte, à Cagnes, le « petit Montmartre azuréen », qu’il côtoie les peintres Soutine et Kikoïne ainsi qu’Osterlind (qui héberge un temps Modigliani). Il pèlerine dans le village du maître Renoir : « Cagnes !… ce village que j’ai connu au temps de Renoir et à qui je dois la majeure partie de mon œuvre. » En 1922, il épouse Olivia Funk. Le couple se fixe au Cannet où Jean fait la connaissance de Pierre Bonnard dont la rigueur artistique et l’influence spirituelle orienteront profondément sa pensée. Dès 1923 il expose dans les salons de la côte azuréenne, au Palais des Beaux-Arts de Menton, à la Société des Beaux-Arts de Nice et à la Maison des Beaux-Arts de Cannes, notamment avec Bonnard. Sa première exposition personnelle est en 1924, sous l’égide de la Galerie Allard qui l’avait remarqué dans les différents salons organisés par la Société des aquarellistes (dont il est membre depuis 1922). Il y présente principalement des paysages de Provence, d’Italie (notamment Venise) et des marines. En 1927, il décore le bar de La Sarrazine à Saint-Tropez. Il en garde le souvenir d’un monde nocturne qui n’est pas le sien, tandis qu’il boit de l’eau et se lève au petit matin pour aller à la pêche aux oursins ! Il portera toujours Saint-Tropez dans son cœur et ne cessera d’y retourner jusqu’à la fin de ses jours, en habitué de la place des Lices et compagnon actif des joueurs de pétanque. En 1929, sa rencontre avec Francis Picabia, Jean Crotti et Jacques Villon est décisive dans le choix d’une voie non figurative. Ils viennent régulièrement au Cannet pendant l’été. Sous l’impulsion de ses amis, Jean se prépare doucement à entrer en abstraction. En 1934, il adhère au mouvement « abstraction création art non figuratif » fondé par Herbin, Kandinsky, Mondrian et Vantongerloo et participe aux expositions du groupe. La rupture avec la figuration est consommée au fur et à mesure de ses séjours prolongés à Paris. À Cannes, il se rapproche de Paul Eluard et René Char. Une amitié profonde et fraternelle le liera à ce dernier auquel il doit sa formation poétique. Une complicité fidèle avec Consuelo de Saint-Exupéry – rencontrée à cette époque – marquera aussi cette période florissante de sa vie. En 1940, il quitte Cannes pour s’installer dans le village médiéval du Haut-de-Cagnes où il va définitivement organiser son atelier. En 1944, il se réfugie avec sa nouvelle compagne, Simone Bouvier, à Saint-Jean du Gard, où il retrouve René Char et Michel Seuphor. Il y restera jusqu’à la Libération. Cette période trouble est l’occasion d’exécuter de nombreuses aquarelles sur le motif à Boisset, près d’Anduze (Gard)... Jean Villeri donne une conférence pour « Les Jeudis du Club 44 » à Lausanne le 19 avril 1949, à la demande de son collectionneur suisse Georges Braunschweig. Après cette conférence majeure, moment clé de sa carrière, intitulée « Pourquoi la peinture doit-elle être non-figurative ? », il occultera délibérément toute allusion publique à ses travaux antérieurs. À partir de là, l’histoire de l’artiste ne s’écrira qu’en abstraction jusqu’à son dernier souffle, en 1982. « S’exprimer picturalement, c’est perdre peu à peu la notion de départ d’une réalité visible pour arriver à cette action synchronique des sonorités de couleurs qui devient ensuite le vrai sujet du peintre. » Les amateurs de la période figurative de Jean Villeri trouveront, dans ce corpus d’œuvres restées des années durant chez un collectionneur privé, matière à intérêt. En effet, peu de ces dernières circulent sur le marché de l’art et dans une telle quantité ! Elles ont toutes été acquises directement auprès du peintre, ce qui renforce leur rareté. Virginie Journiac, experte agréée CECOA, FNEPSA et CEDE
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